Témoignages : Filles DES

La prématurité, 30 ans après…

22 décembre 2014

Goulven est né à 29 semaines ; il pesait 1000gr. Débuts très difficiles : né début février 1984, il a quitté l’hôpital fin juin… Il a marché à 16 mois (13 âge réel) ; il a parlé vers 2 ans. 

Sa scolarité :  

Il a su lire, écrire et compter normalement au CP. Cependant, les difficultés ont commencé ensuite, à cause du rythme et des cadences scolaires. Redoublement CE1 ; redoublement 6ème.

Niveau obtenu : brevet des collèges + BEP. Goulven est dyspraxique.

Sa vie professionnelle 

Pour le permis de conduire, où tous les sens sont sollicités en même temps, il lui a fallu 120 leçons (moyenne nationale 30 leçons). 

Actuellement, s’il comprend bien et même très bien tout, les cadences, exigences, et rythme de la vie professionnelle sont un réel obstacle à son insertion : il perçoit donc le revenu de Solidarité Active (RSA). Son handicap étant admis entre 50 et 80 % par la Maison Départementale des Personnes 

Handicapées (MDPH), il ne peut bénéficier de l’Allocation Adultes Handicapés (AAH) parce que pas assez handicapé. 

Conclusion : trop lent pour la vie professionnelle, et pas assez handicapé pour l’AAH, il doit se contenter du RSA, soit 410 euros par mois. Toutefois, en mars 2014, une bonne nouvelle : Goulven vient de signer un Contrat à Durée indéterminée dans une station service très proche de chez nous (très pratique, car il ne conduit jamais sur les doubles voies : trop de monde, trop de vitesse, trop de sens sollicités). Bien sûr, c’est un contrat à mi-temps, mais c’est une réelle éclaircie dans un parcours antérieur semé d’embûches et d’obstacles insurmontables. 

Bilan : 30 ans après sa naissance : pas très réjouissant, et pendant longtemps aucune perspective.

Ce témoignage pour vous faire comprendre que les séquelles de la très grande prématurité peuvent «gâcher» la vie. Le plus difficile pour moi a été d’admettre le handicap de mon fils et d’admettre aussi que je n’étais pas responsable de cette grande prématurité. J’ai 53 ans, ma mère a pris du Distilbène en 1959/1960, année de ma naissance. 

Moi-même, j’ai quelques séquelles : utérus bicorne, rein pelvien, un seul ovaire, problèmes sanguins, et j’en passe… 

A part ça, tout va bien, Goulven semble heureux et va bientôt pouvoir quitter le foyer pour s’installer dans la petite maison qu’il vient de s’acheter (j’ai dû faire jouer tous mes réseaux pour lui obtenir un prêt, vu la modicité de ses ressources). 

Je souhaite à tous ceux qui me liront, beaucoup de bonheur et de patience avec leurs bébés prématurés.

Monique