Témoignages : Filles DES

La Lettre de Sylvie – “fille DES” sans enfant

12 mai 2014

Bonjour, 

Ci-joint ma cotisation pour 2014, comme vous me l’avez rappelé par e-mail à juste titre, car je l’avais zappée ! 

Je saisis cette occasion pour vous transmettre tous mes encouragements et saluer votre ténacité à toutes et tous dans ce combat David contre Goliath. En espérant que l’issue sera la même, n’en doutons pas.

« Fille DES » sans enfant, malgré le parcours PMA connu de toutes, n’ayant pas adopté d’enfant car divorcée avant, ayant refait ma vie à 37 ans, aujourd’hui 49 ans… Je ne me retrouve pas dans les témoignages que vous publiez. Ce n’est pas un reproche, mais les dommages causés par cette satanée molécule miracle sont tellement vastes que j’aimerais souvent lire des vécus comme le mien. C’est aussi la raison pour laquelle je ne m’implique pas plus dans votre action, car je n’ai pas envie de rouvrir des souvenirs douloureux, me replonger dans un espoir de maternité en partageant avec celles qui ont réussi à mener une grossesse, qui ont eu la joie d’être mère, même si les conséquences sont lourdes (prématurés…). 

Aujourd’hui, pour moi, les conséquences du DES sont une famille sans descendance, des parents qui ne seront jamais grands-parents, des Noëls d’une tristesse à pleurer, car on fait semblant d’être joyeux, et aussi le cancer comme épée de Damoclès, avec des gynécos qui timidement préconisent un suivi santé plus fréquent, au cas où… 

Il faut aussi que je paraisse plus forte que je ne le suis pour dépasser la culpabilité de ma mère d’avoir pris, pour me mettre au monde, ce DES maudit. J’arrive aujourd’hui à en parler autour de moi sans être regardée comme un monstre, les labos sont tombés de leur piédestal avec le Médiator, la parole des médecins n’est plus divine… 

Ayant passé la limite d’âge naturelle pour procréer (49 ans aujourd’hui) je me croyais dédouanée de toute culpabilité, mais ce sentiment de libération n’est pas arrivé. Je pense maintenant à mes vieux jours, ma succession lorsque ce sera le moment. A toutes les périodes de ma vie, je resterai une «DES». 

Actuellement en thérapie (depuis 2 ans), la sérénité n’est toujours pas là, une résignation qui deviendra peut-être de l’acceptation ou du lâcher-prise. La route est longue parce qu’elle ne finit jamais. 

Pour finir sur une note positive, je pense ne pas être seule à ressentir tout cela. Ce témoignage, si vous acceptez de le diffuser, permettra peut-être à d’autres femmes de se retrouver. 

Encore une fois bravo pour votre combat, je reste un soldat silencieux, mais solidaire. 

Bises à vous toutes et tous,

Sylvie