Témoignages : Fils DES

L’heure n’est plus à la ‘dérobade’ ou à la honte…

2 mars 2018

Bien au contraire, il est plus que temps de crier à l’injustice, à l’instar de toutes nos consœurs qui ont entamé le combat depuis longtemps déjà

Telle fut la réponse de Laurent, lorsque nous lui avons demandé s’il accepterait que nous publiions le message accompagnant son adhésion. 

Bonjour,

Je viens de rejoindre votre réseau très récemment, après avoir hésité pendant des années, me contentant de m’informer quelque peu avant de le faire.

Je suis né en 1961 ; ma mère a eu une grossesse difficile et je suis un “fils distilbène“.

Je n’en ai pris conscience que très tard dans ma vie, car il s’agissait d’un sujet tabou sans doute : ma mère ne l’évoquait pas.

C’est suite à mes questions que je me suis «rendu compte» que ma mère avait subi les prescriptions des médecins parisiens de l’époque.

Les conséquences pour moi ont été très nombreuses durant toute ma vie et aussi très diverses :

  • je suis né prématuré, descente tardive des testicules, tétons apparus à la puberté,
  • taille du pénis en dessous de la normale et surtout  stérilité.
  • rotules trop hautes ayant nécessité plusieurs interventions chirurgicales (plus de cartilage aujourd’hui
    donc handicap),
  • œsophage trop court, donc reflux toute ma vie, avec de nombreux ulcères œsophagiens (opération et traitement à vie) ; fragilité articulaire générale.

Je ne parle pas des nombreuses moqueries dont j’ai été l’objet à cause de mes «faiblesses physiques» et “maladies“ de la part de mon entourage qui avait plutôt tendance à me traiter de «gonzesse» lors de l’évocation de mes «soucis»…

Voila pour résumer les énormes problèmes auxquels j’ai eu à faire face toute ma vie durant, à cause de cette “saloperie“.

J’ai accepté les choses ainsi, car, dans les années 60, 70 et au-delà, il n’était pas dans la nature de la société française d’être procédurière, et encore moins au sein de ma famille.

Je souhaite aujourd’hui sortir du silence et me battre afin d’obtenir une reconnaissance de mes problèmes et obtenir réparation de tous ces préjudices.

Merci pour votre combat et merci d’exister.

Laurent

P.S. : Ma mère vient hélas de nous quitter, des suites d’une cirrhose du foie, elle qui ne buvait pas… Je ne sais pas s’il s’agit d’une conséquence directe ou si cela n’a aucun rapport, mais je voulais le signaler.