Témoignages : Filles DES

Je suis une “fille DES” de 46 ans

17 octobre 2013

Bonjour, 

il y a quelques semaines, je me suis entretenue avec Tifenn du réseau D.E.S. France, laquelle sollicitait mon témoignage. 

Plusieurs brochures, mails et récits de l’association plus tard, j’hésite encore… 

Un témoignage de plus…? 

Le mien, une fois lu, viendra s’ajouter à tous les autres… pour retourner dans l’anonymat d’où il vient. 

Tant pis, je me lance !!! 

Je suis une «fille DES» de 46 ans… J’ai perdu mes illusions de grossesse à l’aube de mes 30 ans, après 10 ans d’un lourd parcours de Procréation Médicalement Assistée (PMA), démarches d’adoption… Vous connaissez la chanson… 

Regardant une émission abordant l’impact du DES, ma mère m’avait un jour fait l’annonce de la prise de ce traitement durant sa grossesse ; cette molécule étant sans doute à l’origine de mes soucis d’infertilité. 

Puis, pour elle ce fut le déni, oscillant entre une culpabilité (avec des reproches que je n’ai jamais faits ni même pensés) et une inquiétude au sujet de ma santé (à force d’acharnement thérapeutique des médecins). Ma mère est décédée en 2010, sans que nous ayons pu en reparler… 

Au-delà de cet aspect relationnel mère/fille, je suis passée par la plupart des étapes que nous connaissons toutes : 

– amour (procréation) sur commande… 

– entourage fertile en pouponnage permanent… 

– effets secondaires des traitements, prise de poids et autres désagréments… 

– déception à chaque échec, incompréhension de l’entourage et sentiment d’isolement… 

– freins à l’évolution professionnelle et choix de vie remis en cause… 

J’en passe et des meilleures… 

Adieu mon rêve de famille nombreuse… 

A force d’acharnement et après 5 années de parcours du combattant, nous réussissons à adopter une petite Camille âgée de 2 mois et demi, née sous x… Alors même que les médecins m’annoncent que j’ai fait le tour des traitements de PMA.

Notre couple a bien souffert de cette décennie de démarches, de sacrifices et de souffrances. Nous divorçons juste après l’officialisation de son adoption par les Tribunaux… Ma fille a alors 2 ans, je l’élèverai seule désormais (refaire sa vie quand on est stérile relève aussi du parcours du combattant… Nombreux sont les hommes qui veulent soudain être pères mais ne se sentent pas d’adopter… Un couple qui n’a pas d’enfant reste un couple, on ne peut parler de famille…) 

Je n’ai pas baissé les bras, mon combat continue !!!! 

Je suis en procès depuis 2005 (Cassation) pour faire reconnaître l’impact de cette molécule sur ma santé et son préjudice sur ma vie.

Je suis suivie régulièrement pour traiter endométriose, fibromes et autres tumeurs plus graves pouvant survenir… 

Il y a quelques jours, ma gynéco m’annonçait que j’entrais en pré-ménopause… 

Une page est tournée !!! 

Camille a 15 ans, en pleine adolescence, un jour elle quittera le nid et je l’aiderai à s’envoler…

Laurence